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Premières armes

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Message par Invité Ven 30 Déc - 17:02

Il avait passé la nuit dehors. Sa légère robe de chambre s'était gorgée d'eau et ses cheveux dégoulinants avaient le même aspect que les feuilles de varech que son ancienne nourrice avait fait bouillir pour le réchauffer. Ses mains encore frissonnantes saisirent le récipient contenant le breuvage, profitèrent de la chaleur qui s'en dégageait et le portèrent aux narines du jeune homme. L'odeur qui s'en exhalait lui évoquait les côtes de la mer interdite qu'il avait arpentées jadis sur les épaules de son père. Il trempa ses lèvres dans le liquide, se brûla et reposa nerveusement le bol. « Demain...cela ne se reproduira plus ! »
Deux gardes l'avaient délogé de son lit alors qu'il songeait à cette jeune serveuse qui lui avait sourit quand elle eu surpris l'un des nombreux regards furtif qu'il lui avait jeté tout au long de la soirée. L'un le tira par le col tandis que l'autre se tenait devant la fenêtre admirant les gouttes d'eau ruisseler le long des vitraux. « Votre père vous envoie quérir », déclara le second, un grand homme large au regard taciturne. Toujours étourdi par l'irruption intempestive des gardes, le jeune homme se laissa mené, mais au lieu de se diriger vers les appartements convenus ils descendirent l'escalier qui débouchait à l’extérieur du manoir.Sur le seuil, un homme emmitouflé dans des couvertures de fourrures lupines les attendait. Il reconnu son père, un homme d'âge mûr mais d'un aspect des plus plaisant. Sept bon pied de haut, le dos droit, une carrure imposante, des cheveux soyeux et grisonnants ; des trait sévères mais harmonieux, un nez aquilin et des yeux accusateurs d'un bleu pâle incommodant. Il était la figure même de la virilité. « Eh ! Un temps des plus exécrable, n'est-il pas ? » Sans attendre une réponse il reprit « Hélas ! Cela ne saurait laver l'affront que j'ai subit ni noyer la honte que j'ai ressenti lorsque que tu as prononcé ces mots. Néanmoins, je doute que cette substance qui tombe des cieux soit dépourvu de vertus, peut-être pourrais-tu les découvrir pour moi ? » Soudain, les pieds du jeune homme se mirent à léviter, puis il senti une force le projeter vers l'avant. Il s'écrasa sur le sol boueux et à peine eu-t-il le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu'il devina deux énorme mains saisissant son buste et l'entraîner dans le noir. Sa vision était trouble, il ne distinguait qu'une faible lumière émanant de l'enclave par laquelle il supposait être sorti. Sous lui, il entendait le bruit obscène des bottes se dégageant de la boue pour y replonger un battement de cœur plus tard. Les pas s’arrêtèrent. Les mains le déposèrent brutalement sur le sol puis quelque chose lui serra la poitrine. Il entendait les même pas lourds s'éloigner quand il s’aperçut qu'il ne pouvait bouger que ses doigts poisseux. Il resta comme ça jusqu'à l'aube, probablement attaché à un espèce d'énorme pieux qu'un esprit dérangé avait jugé bon de fixer là.  Ce n'est qu'à l'aube qu'il compris que le corps inerte qui l'étreignait était celui du mannequin d'entraînement sur lequel il lui arrivait de taper, un bâton à la main, avec acharnement pendant plusieurs heures. Cette fois-ci, c'est avec une tendresse involontaire qu'il affrontait le colosse de bois humide.
Il toussa. La tisane avait considérablement refroidi. Il la bu précipitamment faisant dévaler quelques gouttes tièdes le long de son visage fiévreux. Il lâcha également le bol qui alla se heurter au sol de pierre. Le bruit, bien que mineur, fit accourir sa nourrice.
« Junio » ? s'enquit-elle. « Tout va bien ? »
C'était encore une femme dans la fleur de l'âge, elle lui avait donner son lait alors qu'elle était à peine sortie de l'enfance. D'ailleurs, la récente efflorescence de ses instincts mâle, avait fait qu'il soutenait difficilement le regard de la jeune femme, intimidé qu'il était par l'étendue de son éminence. « Je euh...oui, ce n'est rien » Le goût du breuvage lui revint dans la bouche.  « Messire mon père... où est-il ? »
La nourrice laissa traîner sa réponse d'un air distrait. « Monseigneur doit être dans ses appartements. On dit qu'il a eu une nuit agitée...
Bien que ses gens soient tenus au silence sur de tels sujets, les activités nocturnes du bon seigneur Salviati étaient de notoriété publique. Un débauché doublé d'un sadique, il lui arrivait de tourmenter  une femme pendant plusieurs mois juste pour « goûter à son miel » avant de l'abandonner à son sort sur de vaines routes poussiéreuses, parfois mutilée, ou engrossée d'un bâtard, ou les deux. Par ailleurs, on peut parfois entendre des cris surgissant des ténèbres du manoir et il peut arriver que certains soient plus « sophistiqués» que d'autres. Le dernier serviteur s'étant hasardé à questionner son maître à propos de ces hurlements a disparu lors d'une partie de chasse dans la vallée de Galardell. Depuis, bien peu ose parler de ces sujets là. Seul, son héritier, malgré son très jeune âge, s'est enhardi lors du dernier banquet en le confrontant à des accusations qui ne reçurent que le silence aussi bien pour protestation que pour approbation. Cependant, le châtiment paternel n'en fut pas moins terrible et l'épisode du mannequin d'entraînement ne fut qu'un raffinement supplémentaire venant s'ajouter à une liste interminable d'humiliations corporelles.
Or, c'est bien cet épisode qui forma sa détermination à combattre. Demain... demain tout allait changer... demain quelqu'un arrivera, un maître d'arme... un certain Donnerly.

Le bâton du maître le frappa au niveau de la tempe. Il érafla l'oreille gauche du garçon. La violence du coup ainsi que son placement provoquèrent sa surdité pendant quelques instant. Le jeune Salviati était blotti sur le sol, l'épaisseur relative de son avant bras parvenait à couvrir suffisamment d'espace pour que les rayons lumineux n'atteignent pas ses yeux. Il faisait un soleil éblouissant ce jours-là. Il se sentait presque agressé par cette lumière martelée au rythme de ce qui devait être de simples passes d'armes. Une ombre se pencha sur le corps acculé.
«  Alors là ! J'en ai vu des faiblards et des mollassons, j'ai même réussi à en faire quelques choses, enfin... mais des fillettes comme toi, ça, j'ai jamais eu ! » s'exclama l'ombre d'un air enjoué.
Salviati découvrit un œil, légèrement ébloui. Il avait bien tenter certaines choses, des taillades approximatives, des tentatives de feinte et même quelques parades. Habituellement on ne lui rendait pas les coups. Il pensa que la nuit qu'il avait passé attaché à ce mannequin de bois, l'humidité avait dû y être pour quelques choses, avait eu pour conséquence d'insuffler la vie à cet amas de bois et que suite à un contact prolongé avec lui il cherchait à présent à lui rendre tous ces coups assénée gratuitement, de rattraper tous ces échanges monolithiques. Il pensait que la haine habitait cette structure primitive. Ainsi, il lui imaginait toutes sortes de rancunes insensées. Il pensait que même si sa constitution de chaire lui rendait possible sa vengeance, l'avatar regrettait son ancienne nature, cela lui fournissant d'autres motivation pour rouer le garçon en le maudissant autant que lui l'avait maudit en le serrant ainsi durant toute une nuit. Il pensait à la pudeur de ce pantin, pudeur qu'il avait violée affalé en sanglotant dans la boue.

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